Comment lutter contre le masque de grossesse ?

Dans le langage courant, on parle effectivement de masque de grossesse, car ce problème d’hyperpigmentation de la peau touche très souvent les femmes enceintes, mais ce ne sont pas les seules concernées. Pour les dermatologues, il s’agit d’un mélasma (ou chloasma) : des taches brunes irrégulières apparaissent sur le visage après une exposition solaire, formant une sorte de masque. Le mélasma s’atténue souvent pendant l’hiver et réapparaît si la peau est exposée aux UV et peut même devenir chronique. Même s’il ne s’agit que d’un problème esthétique, il est très mal vécu par les personnes touchées.

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Derrière le mélasma, il y a avant tout un problème de mélanine, le pigment à l’origine du bronzage. Dans certaines circonstances, la production de mélanine par les mélanocytes est activée de manière excessive et anarchique, avec des concentrations différentes sur certaines zones. Résultat, une hyperpigmentation apparaît sur le visage, le plus souvent sur le front, les joues, le nez et au-dessus de la lèvre supérieure. Dans le cas des femmes enceintes, cette coloration peut aussi toucher le ventre et les zones génitales. En général, le mélasma régresse après l’accouchement et en l’absence d’exposition solaire, mais pas toujours. En dehors de toute grossesse, le nombre de personnes touchées par un problème de mélasma augmente sans cesse dans le monde. Les profils à risque sont les femmes à peau mate, mais aussi à phototype plus clair, qui vivent dans les régions tropicales et sont donc fréquemment exposées au soleil, sans oublier celles qui prennent un traitement hormonal. Dans tous les cas, les récidives sont très nombreuses et le mélasma peut même devenir permanent au fil du temps.

3 questions sur le mélasma

Voir apparaître des taches brunes sur son visage n’est jamais agréable surtout si le phénomène se reproduit régulièrement. Forcément, on se pose des questions et on s’inquiète, quelques éléments de réponse.

Le mélasma, est-ce grave ?

Pas d’inquiétude côté santé, le mélasma n’est pas une maladie et n’a aucune conséquence autre qu’esthétique. Cependant, les femmes touchées par un mélasma ont souvent beaucoup de mal à supporter le préjudice sur leur image et vivent très mal ces taches d’hyperpigmentation qu’elles découvrent parfois par hasard, mais qui reviennent à chaque exposition. Quand le mélasma devient un complexe, il est tentant de recourir à des traitements parfois agressifs pour en venir à bout, au risque d’aggraver le problème.

Quelles différences avec les taches de soleil ?

Le mélasma peut faire penser à des lentigos, ces taches causées par le soleil. Même si dans les deux cas, le soleil est impliqué, il s’agit bien de deux problèmes différents. Les taches solaires se répartissent de manière asymétrique, à la fois sur le visage et sur le corps. Elles augmentent en taille et en nombre avec les années et concernent donc des personnes plus âgées en général. On parle d’ailleurs souvent de « taches de vieillesse » pour évoquer les lentigos, qui concernent la majorité des plus de 50 ans, avec un risque plus important pour les peaux foncées.

Les personnes à risque

Le mélasma existe partout dans le monde, avec un risque accru pour les populations d’origine hispanique et asiatique. Il touche rarement les hommes, majoritairement les femmes plutôt jeunes, à la peau mate ou plus claire. Les peaux claires sont d’ailleurs souvent atteintes plus tôt. Le fameux masque de grossesse concerne 10 à 15 %1 des femmes enceintes, qui peut se déclencher pendant la grossesse, après l’accouchement ou même des années plus tard. Mais les femmes enceintes ne sont pas les seules affectées. Celles qui prennent une pilule contraceptive ou qui suivent un traitement hormonal pour la ménopause peuvent aussi voir apparaître un mélasma. Les addicts du bronzage, naturel ou en cabine UV, font également partie des cibles privilégiées. Enfin, le mélasma peut se déclencher chez certaines femmes, sans qu’aucun facteur hormonal ne soit en cause, tout particulièrement si elles vivent au soleil la majeure partie de l’année.

Les différentes formes du mélasma

L’hyperpigmentation typique du mélasma peut être plus ou moins profonde dans la peau. Bien évidemment, plus elle est profonde, plus elle est difficile à traiter et moins elle sera sensible aux traitements pour la faire disparaître. Les dermatologues distinguent 3 types de mélasma, épidermique, dermique et mixte.

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• Le mélasma épidermique : il ne concerne que l’épiderme, c’est-à-dire la couche la plus superficielle de la peau. Les taches sont de couleur brune avec des limites bien définies.

• Le mélasma dermique : l’hyperpigmentation atteint le derme, une couche plus profonde de la peau. Les taches peuvent prendre une teinte bleu gris.

• Le mélasma mixte : très fréquent, dans ce cas, les deux types sont présents en même temps à différents endroits.

Les causes du mélasma

Le mélasma reste encore un phénomène un peu mystérieux, dont on ne connaît pas toutes les causes précisément. Ce qui est certain, c’est qu’une surproduction de mélanine, le pigment du bronzage, se produit dans certaines circonstances. La mélanine s’accumule dans certaines zones et entraîne des taches hyperpigmentées localisées. Plusieurs facteurs de risque sont impliqués.

L’exposition solaire et le mélasma

Le mélasma apparaît toujours après une exposition aux UV, il s’agit donc d’un emballement de la production de mélanine, sur-stimulée à certains moments. Mais pourquoi les taches apparaissent-elles sur certaines zones seulement et principalement le visage ? D’autre part, l’expérience montre que les crèmes solaires à haut SPF ne suffisent parfois pas à contrer l’hyperpigmentation. Les spécialistes étudient actuellement le spectre lumineux pour savoir si d’autres rayonnements solaires que les UVA et les UVB ne seraient pas aussi impliqués.

Le rôle des changements hormonaux

Combinées aux UV, les hormones semblent avoir un rôle stimulateur sur la production de mélanine. Voilà pourquoi les femmes enceintes, les femmes sous pilule contraceptive et celles qui suivent un traitement hormonal de substitution sont plus particulièrement touchées.

Que les hormones soient produites naturellement dans le cas d’une grossesse ou apportées chimiquement dans les deux autres cas, le résultat est identique. Les études montrent que le mélasma concerne 10 à 15 % des femmes enceintes comme vu plus haut, mais aussi 10 à 25 %2 des femmes sous contraceptif oral.

Une prédisposition génétique

Il semble que des facteurs génétiques puissent également intervenir dans l’apparition du mélasma, certaines femmes étant touchées sans qu’aucun facteur hormonal ne puisse être établi. Il existerait donc un terrain familial favorable.

Comment éviter le masque de grossesse ou mélasma ?

Même si le mélasma est difficile à combattre, plusieurs solutions existent pour l’éviter, l’atténuer et même le faire disparaître.

Les stratégies de prévention

La plus radicale consiste à ne jamais s’exposer au soleil. Pas facile et pas forcément souhaitable, car le soleil a de nombreux effets bénéfiques sur l’organisme. Il faut savoir que certaines femmes affirment que 5 à 10 minutes au soleil suffisent pour voir apparaître les taches. La meilleure solution consiste donc à appliquer une crème solaire très haute protection, 50+, dès que le soleil brille. Mais comme les UVA traversent les nuages, il faut aussi penser à protéger sa peau les jours nuageux. Une autre astuce est de choisir un maquillage minéral avec SPF à mettre par-dessus sa crème solaire. Bien sûr, un chapeau à large bords est également recommandé en cas de balade en été, pour un déjeuner en terrasse ou à chaque fois que vous devrez rester en plein soleil.

Les soins locaux pour corriger les taches

Vous pouvez camoufler les taches existantes avec une crème solaire SPF 50+ teintée : elle cachera le mélasma et vous protégera d’une aggravation en même temps. A associer avec une poudre minérale filtrante, pour encore plus de sécurité. Si le mélasma est important et vous gêne vraiment, vous pouvez consulter un dermatologue. Il prescrira un traitement dépigmentant adapté à votre type de mélasma. L’hydroquinone, l’acide ascorbique (vitamine C), l’arbutine, l’acide glycolique et l’acide phytique font partie des actifs les plus répandus.

Les peelings et le laser

Utilisé depuis longtemps contre les taches cutanées, le peeling doit être pratiqué sous contrôle médical. Il s’agit d’un gommage chimique destiné à renouveler l’épiderme, donc à faire peau neuve. Plusieurs séances sont nécessaires en général. Enfin, certains lasers ciblés sur les pigments de mélanine peuvent éliminer les taches au fil de quelques séances. Dans les deux cas, il existe un risque de réaction inflammatoire pouvant aggraver le problème, car la peau se défend en produisant de la mélanine. Seul un médecin spécialisé pourra vous conseiller.

 

1 Passeron T. Melasma pathogenesis and influencing factors – an overview of the latest research. J Eur Acad Dermatol Venereol 2013 27(1):5-6

2 Institut International de la Peau, «  »Le Mélasma démasqué » » par le Dr Claudia Aguirre, citant Kang, H. Y., et Ortonne, J. P.

(2010). «  »Ce qui devrait être considéré dans le traitement du mélasma » ». Annals of Dermatology, 22 (4), 373-378.

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